Oeuvres

Officium Breve in memoriam Andreæ Szervánszky (1989)

György Kurtág + Biographie

Largo (In memoriam Tibor Turcsányi) - Più andante (In memoriam Zsolt Baranyay) - Sostenuto, quasi giusto - Grave, molto sostenuto - Presto (Fantasie über die Harmonien des Webern-Kanons) - Molto agitato (Canon a 4) - Sehr fließend [Canon a 2 (frei nach op. 31/VI von Webern)] - Lento (In memoriam Gabriella Garzó) - Largo - Sehr fließend (Webern: Kanon a 4, Op. 31/VI) - Sostenuto (In memoriam György Szoltsányi) - Sostenuto, quasi giusto - Sostenuto, con slancio - Dispertao, vivo - Larghetto [Arioso interrotto (di Endre Szervánszky)]

Il n'est guère possible, pour cette troisième contribution de Kurtág au genre du quatuor à cordes, de passer sous silence certaines références d'ordre biographique. Bien que la logique intérieure de l'œuvre (par exemple celle des intervalles) n'en dépende pas, il reste que ces références permettent de comprendre pourquoi ce sont précisément tels éléments qui en composent l'architecture.
La pratique de la citation en musique a une longue histoire. L'exemple le plus évident est sans doute celui du thème choisi pour une série de variations ; dans la paraphrase, en revanche, le rapport à l'original devient plus complexe ; enfin, l'arrangement (la réinstrumentation) représente peut-être le cas le plus extrême de citation littérale. Dans le quatuor de Kurtág, ces trois procédés sont présents : le dernier mouvement de la Seconde Cantate de Webern, ainsi qu'une partie de la Sérénade pour cordes de Szervánszky, sont réinsrumentés ; mais Kurtág écrit aussi une variation et une paraphrase du mouvement webernien ; enfin, en guise d'hommage, et pour préparer l'exposition du fragment de Szervánszky, il compose une sorte de paraphrase libre, qui est elle-même en relation de variation avec deux autres mouvements. Pourquoi précisément Webern et Szervánszky ? Citer Webern, c'est aussi, pour Kurtág, une manière de se souvenir que la découverte de l'œuvre webernien aura été l'une des motivations pour un nouveau départ artistique. Quant à Szervánszky, il fut aussi l'un des premiers, en Hongrie, à véritablement tirer les conséquences musicales de l'étude de Webern. (Il est également possible que cette double citation, au sein d'un quatuor à cordes, ait des ramifications biographiques encore plus directes : vers 1960, la création des Six pièces pour orchestre de Szervánszky et du Quatuor à cordes op. 1 de Kurtág ont provoqué une réaction scandalisée des tenants du conservatisme et de l'esthétique du réalisme socialiste, avec toutes les conséquences artistiques et politiques qu'une telle réaction peut entraîner.)
Un des traits importants du quatuor (il deviendra fréquent dans les œuvres ultérieures) est l'autocitation. Les premier, second et quatorzième mouvements se fondent sur plusieurs in memoriam antérieurs ; les troisième et douzième mouvements sont issus de cette pièce des Játékok qui citait déjà Szervánszky. (András Wilheim - avec l’aimable autorisation de l’Ircam - Centre Pompidou, http://brahms.ircam.fr)

Concerts SMC Lausanne

Lundi 27 Octobre 2014 (Saison 2014-2015)
Quatuor Béla
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