Sylvano Bussotti (1931-2021)

Né dans une famille d'artistes, il commence le violon très jeune et s'inscrit au cours de composition du Conservatoire Luigi Cherubini de Florence où il a comme professeurs R. Lupi et L. Dallapiccola, mais il est contraint d'interrompre ses études à cause de la guerre. Il approfondit ses études de composition en autodidacte et, à partir de 1956, devient l’élève de M. Deutsch à Paris; il rencontre alors Pierre Boulez qui l'invite à suivre les fameux cours d'été de Darmstadt.
Parallèlement à son travail de composition, Bussotti n'a pas cessé de cultiver d'autres centres d'intérêt. Ses oeuvres picturales ont été exposées dans plusieurs pays et il a dirigé plusieurs opéras (se chargeant aussi bien de la direction que de la mise en scène et des costumes) sur les grandes scènes italiennes. Il a en outre publié le recueil de poésie Letterati ignoranti, l'essai littéraire I miei Teatri, le recueil Disordine alfabetico et le volume illustré Moda e Musica.
Sa musique interprète l'Éros comme force dionysiaque libératrice présente dans l'être humain. L'osmose entre les divers langages l'a poussé à adopter un système libre de notation graphique, qui fait de ses autographes musicaux de véritables oeuvres d'art. On parle dans ce cas de graphisme musical, par exemple avec Calendario Giapponese pour douze instruments ou Autotondo Tondodono, dessin sonore indéterminé.
En contraste avec l'orientation structuraliste en vogue à Darmstadt à la fin des années 1950, il se rapproche de la musique et de la philosophie de John Cage, qu'il rencontre en Allemagne. Il adopte un langage très libre, lié au hasard et à l'indétermination, même si dans son style, résolument moderne et original, peuvent affleurer des échos de l'expérience romantique tardive de ses compositeurs préférés, de Gustav Mahler à Giacomo Puccini et Alban Berg.