Omaggio a Burri (1995)

Entre le dessin et la composition, Sciarrino voit un lien dans la notion de figure. Celle-ci est pour lui d’une part une « notion clé de la construction musicale », d’autre part il y voit des correspondances avec d’autres domaines du savoir jusqu’aux horizons de la science. Cette réflexion se traduit aussi dans la démarche artistique de son Omaggio a Burri pour violon, flûte alto et clarinette basse. Il s’agit ici non pas d’une analogie illustrative entre image et son, mais de deux systèmes de pensée au cours parallèle, chacun suivant ses propres lois. Alberto Burri, que Sciarrino connaissait, est né en 1915 à Citta di Castello; ses œuvres matiéristes, où il intégrait ses propres expériences de guerre, ont fasciné Sciarrino dès son enfance. Dans son hommage à l’artiste décédé en 1995, il utilise sa propre langue musicale, inimitable : de minuscules particules de motifs qui se répètent à multiples reprises et subissent en même temps une transformation inaperçue, se superposant dans les trois voix instrumentales comme des couches autonomes. L’expression sonore a tantôt la transparence d’un tic-tac d’horloge, tantôt le caractère de textures denses et se joue dans les registres les plus doux.