Oeuvres
Concerto de chambre "Intarsi" (1994)
Klaus Huber + Biographie
pour piano et 17 instrumentistes
Le point de départ de cette œuvre est le dernier Concerto pour piano de Mozart, auquel je pensais sans cesse. Je voulais remettre en cause le développement inflationniste de la musique pour piano d’avant-garde; aussi me suis-je restreint consciemment à l’ambitus du piano mozartien dans une grande partie de l’œuvre. Au lieu d’une technique de sauts virtuoses, j’ai visé un maximum de polyphonie aux niveaux rythmique, sonore et linéaire.
Dans le premier mouvement de Intarsi, qui conduit au second à travers un grand silence composé, le piano est inséré dans un mouvement d’ensemble extrêmement doux et transparent et détermine la sonorité de façon décisive. Comme de la marqueterie (intarsie), de très brèves citations du premier mouvement de Mozart émergent par-ci par-là, vers lesquelles je me dirige constamment : des trilles descendants comme un « Adieu » toujours nouveau et devenant toujours plus lourd. Ce concerto de chambre, notamment le mouvement « Intarsi », est dédié à la mémoire de Witold Lutosławski, dont la précieuse amitié reste pour moi irremplaçable. La pièce est également écrite pour András Schiff.
Le second mouvement, « Pianto – Specchio di Memorie », est dans un certain sens une étude spectrale à huit voix, dont les hauteurs dérivent en permanence de constellations d’intervalles mozartiens (comme d’ailleurs dans la première partie). La pulsation continue, subdivisée en couches superposées fondées sur des rapports de nombres premiers, est interrompue par deux « Cadenze contrappuntistiche » qui glissent comme des ombres : il s’agit d’un contrepoint élaboré à partir des motifs intervalliques et rythmiques du Concerto de Mozart. La troisième « cadence », absorbée par les pulsations, se souvient du thème mozartien du second mouvement.
Dans le troisième mouvement, intitulé « Unità », on retrouve une situation totalement opposée. Je me permets de développer ad absurdum un thème du dernier mouvement de l’œuvre de Mozart par des séquences, des inversions et des rétrogradations; il en résulte une « chasse aux sorcières » qui tend constamment à l’unité sans jamais l’atteindre…
Dans l’épilogue, « Giardino Arabo », je reprends « l’étude spectrale » du second mouvement pour la conduire de la manière la plus douce vers son épilogue. La structure d’intervalles en trois-quarts de tons ébauchée dans le second mouvement déjà se développe vers un maqâm qui supplante de plus en plus l’image sonore tempérée du piano. Le piano, véritable fondement historique de notre pensée musicale chromatique, laisse alors place à un monde sonore ouvrant d’autres horizons… (Klaus Huber)
Dans le premier mouvement de Intarsi, qui conduit au second à travers un grand silence composé, le piano est inséré dans un mouvement d’ensemble extrêmement doux et transparent et détermine la sonorité de façon décisive. Comme de la marqueterie (intarsie), de très brèves citations du premier mouvement de Mozart émergent par-ci par-là, vers lesquelles je me dirige constamment : des trilles descendants comme un « Adieu » toujours nouveau et devenant toujours plus lourd. Ce concerto de chambre, notamment le mouvement « Intarsi », est dédié à la mémoire de Witold Lutosławski, dont la précieuse amitié reste pour moi irremplaçable. La pièce est également écrite pour András Schiff.
Le second mouvement, « Pianto – Specchio di Memorie », est dans un certain sens une étude spectrale à huit voix, dont les hauteurs dérivent en permanence de constellations d’intervalles mozartiens (comme d’ailleurs dans la première partie). La pulsation continue, subdivisée en couches superposées fondées sur des rapports de nombres premiers, est interrompue par deux « Cadenze contrappuntistiche » qui glissent comme des ombres : il s’agit d’un contrepoint élaboré à partir des motifs intervalliques et rythmiques du Concerto de Mozart. La troisième « cadence », absorbée par les pulsations, se souvient du thème mozartien du second mouvement.
Dans le troisième mouvement, intitulé « Unità », on retrouve une situation totalement opposée. Je me permets de développer ad absurdum un thème du dernier mouvement de l’œuvre de Mozart par des séquences, des inversions et des rétrogradations; il en résulte une « chasse aux sorcières » qui tend constamment à l’unité sans jamais l’atteindre…
Dans l’épilogue, « Giardino Arabo », je reprends « l’étude spectrale » du second mouvement pour la conduire de la manière la plus douce vers son épilogue. La structure d’intervalles en trois-quarts de tons ébauchée dans le second mouvement déjà se développe vers un maqâm qui supplante de plus en plus l’image sonore tempérée du piano. Le piano, véritable fondement historique de notre pensée musicale chromatique, laisse alors place à un monde sonore ouvrant d’autres horizons… (Klaus Huber)
Concerts SMC Lausanne
Lundi 24 Novembre 2014 (Saison 2014-2015)
Ensemble Contemporain de l'HEMU & Quatuor G3
+ Programme complet
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