Szálkák op. 6d (1978)

Cette pièce existe pour des instruments différents: reprise d'une partition pour guitare qui semble avoir été élaborée en 1962, elle fut composée en 1973 pour cymbalum et adaptée ensuite au piano en 1978. Il s'agit de quatre épisodes partant d'un même noyau. Le premier mouvement est noté «molto agitato», puis «piu agitato»: écriture tendue, hâchée, quasiment à une voix, privilégiant le registre grave, et qui, après un passage plus calme, mélodique, se termine par un geste rageur. Le deuxième, très bref, est noté «sostenuto»: six phrases minuscules, différenciées, entrecoupées par des silences et jouant sur la résonance, avec une fin en effacement. Il est lui aussi, pour l'essentiel, à une voix. Le troisième est au contraire fait d'un mouvement continu rapide («vivo»), encore à une voix, qui rappelle le modèle bartókien (Suite opus 14 par exemple). Enfin, le dernier mouvement est une nénie, un chant d'inspiration populaire, parlando (il est dédiée à un musicien roumain, Stefan Romascanu), avec, pour finir, une insistance sur le ré grave, «pesante». L'écriture même du cymbalum, transposée au piano, signale l'influence de l'instrument hongrois sur l'écriture pianistique atypique du compositeur. (Philippe Albèra)