La Morte meditata (1982)

C’est chez le poète Giuseppe Ungaretti (1888-1970) que Lucien Guérinel a trouvé « une beauté verbale telle qu’elle enveloppe l’âme, comme une musique ». Aussi, le flux musical navigue et épouse les fluctuations des vers, ne les dénature pas, en conserve la pureté d’origine. A ce titre, il affirme que « cette composition ne recherche aucun effet formel et se veut essentiellement la ponctuation sensible du poème ». Sa mise en musique ne sert ainsi qu’à donner un cadre confortable aux résonances émanant du poème.

Les six chants de La Morte meditata se trouvent dans le recueil Sentimento del Tempo (1933). Ungaretti y amorce un dialogue avec la mort, un discours unidirectionnel, un long monologue sans réponse. On y voit la mort comme la marque progressive du temps sur nos corps et nos esprits : les « rides qui se creusent » ou ce « qui laisse aux arbres un feu d’automne ». Tout y est nocturne, avant que le poète ne remarque à l’aube, que « l’éclat du jour est plein des remords des fantômes de la nuit ».

Texte de Christophe Bitar