La Luna nel pozzo (2020)

« La lune dans le puits » pourrait-on traduire. Loin d’une allusion descriptive, le frontispice de l’œuvre a une vocation poétique et a été « l’étincelle d’inspiration » qui a allumé la mèche de sa composition. L’idée de la diffraction lumineuse dans l’eau l’a conduit à penser sa pièce comme une mosaïque de tuiles, les unes enchevêtrant les autres, tel « un cube aux mille visages ».

C’est dans l’hôpital psychiatrique de Volterra (Toscane) désormais abandonné, sur un mur gravé de bout en bout, qu’Antignani a extrait ce fragment poétique. Ce « livre de pierre » – tel que le dénomme Lucienne Peiry – est l’œuvre de Fernando Nannetti, l’un des patients de l’asile. Il dédiait son heure quotidienne de « liberté » à inciser le mur de la cour, à travailler le matériau de l’obstacle qui le séparait du monde extérieur.

La Luna nel pozzo transcrit la répétitivité de cette action quotidienne dans la puissance du coup d’archet, synonyme de la résistance à l’emprisonnement. Cette liberté créative sert de rempart au cloisonnement du mur : c’est ce geste obsessionnel qui agit comme un exutoire et délivre de la réclusion.

Texte de Christophe Bitar