Acqua di mare amaro (2018-2019)

« Acqua di mare amaro est la mise en scène d’un paysage à la fois réel et mythique » affirme Antignani. Tout gravite autour d’un port de mer, dont il recrée l’atmosphère : goudron, salure, suie, poisson, chaînes, sirènes de bateaux, clapotis de vagues, rires et huées sont tant de bruits, odeurs et saveurs qui se fondent au fil des ruelles étroites du port. A l’angle de deux maisons, on y repérera pêcheurs, voleurs et prostituées. Nous voilà, en l’espace de quelques mesures, plongés dans l’univers qui a fait fantasmer Homère, Verne, Poe, Baudelaire, Cocteau, Genet, Morante et tant d’autres.

Pour asseoir l’imaginaire de son monde portuaire, Antignani s’est basé sur les poèmes de Dino Campana (1885-1932), chez qui il relève « de riches images et de subtils artifices rhétoriques à tendance madrigalistes ». De son CantiOrfici (1914) – un pseudo journal de bord et unique recueil publié par le poète – Antignani extraie la puissance des phonèmes et puise jusqu’à l’articulation la plus fine du langage. Ce jeu qui tend à faire muter le texte en une série d’onomatopées, nous fait accéder selon lui au « sens le plus intime des paroles ».

Texte de Christophe Bitar