Fremdkörper #1 (2008)

Cette œuvre est l’occasion pour Prins de développer les procédés d’aliénation qu’il avait envisagés dans Not I en 2007. Chaque instrument est relié à un amplificateur de guitare, un « corps étranger », qui donne le titre à cette pièce. S’inscrivant dans le cadre d’un concert intitulé « Entartung » (dégénérescence), en référence à l’Entartete Kunst de 1937, le « corps étranger » se veut rappeler l’exclusion quasi-systématique de l’étranger dans le modèle aryen.

L’emploi de l’électronique jouée en direct est activé lorsque les musiciens ne jouent plus, créant ainsi l’illusion d’un flux musical continu. Le son résultant n’est doncexécuté que partiellement par les instrumentistes. Ces deux textures antagonistes, celle amplifiée et celle électronique, entrent en opposition avant dese rejoindre progressivement par contamination mutuelle et « font corps » ensemble. Et pour cause : Fremdkörperest à la fois singulier et pluriel en allemand !

L’étrangetése retrouve aussi dans les modes de jeux employés : éventails, baguettes, tourne-disques, ballons, éponges et autres ustensiles de cuisine sont reconvertis en plectre ou archet.

Rédaction de la notice : Christophe Bitar