Desplazados (2016)

Comme il en a l’habitude, Daniel Zea propose une pièce engagée, tournée vers les problématiques du monde dans lequel nous vivons ainsi qu’une manière d’y répondre par la performance musicale. Plongée dans le noir, la scène se déroule de nuit, dans le froid et l’attente. Les performers activent frénétiquement leurs couvertures au rythme des indications de leur écran. Aucune interaction entre eux : c’est à présent la machine qui les commande. Le climax de l’œuvre, à l’arrivée de la vidéo, rappelle l’environnement de surveillance qui entoure ces migrants, n’échappant pas au continuel déluge d’images qui caractérise le monde contemporain. L’aliénation de l’être humain par la technologie est au cœur du travail du compositeur.

Les couvertures de survie amplifiées, instruments principaux de la pièce, sont acoustiquement la source de micro-frémissements, mais jouent également le rôle de miroirs vers le monde et reflètent le symbole d’un repli sur soi : un individualisme forcé et assumé. Compagnons de fortune des « desplazados », les déplacés migrants, elles nous rappellent la fébrilité de leurs expériences de vie, le long d’un chemin dont le parcours tortueux est envahi par une urgence permanente.

Texte: Christophe Bitar