Metallics (1995)

Entretien avec Yan Maresz par Christophe Bitar
Qu’est-ce qui a entouré l’écriture de Mettalics que vous aviez écrite pendant votre cursus à l’Ircam ? 

A cette période, j’ai découvert les travaux de Stefen McAdams et Albert S. Bregman sur la psychoacoustique. Ceux-ci m’ont beaucoup influencé, encore aujourd’hui, sur les notions d’écoute et de perception. Selon moi, il est primordial en tant que compositeur de savoir comment l’oreille discrimine des flux de données. Leurs travaux m’ont ainsi permis d’affiner mes outils de composition. J’ai aussi rencontré la même année les concepts de la musique spectrale, qui transparaît passablement dans Mettalics même si tout est fait pour qu’on ne l’entende pas.

Je m’étais surtout rendu compte qu’à l’époque, il n’existait pas de pièce pour cuivres avec les systèmes créant des sons en temps réel. J’avais alors trouvé un projet autour de la sourdine. D’un point de vue acoustique, elle agit comme un filtre : je me suis demandé s’il était possible de la recréer de manière informatique. Ainsi Mettalics s’articule autour du filtrage, de la sourdine, réelle ou imaginaire. Musicalement, la pièce s’organise tel un parcours partant du timbre de la trompette naturelle jusqu’au son le plus bruité : on suit une ligne. Par sa qualité poétique, chaque mouvement – qui correspond plus ou moins à une sourdine donnée –, évoque une ambiance ou une qualité spécifique, comme un voyage autour des archétypes sonores de la trompette.