Tutti (2012/2013)
Yan Maresz + Biographie
pour ensemble et électronique
Quel ont été les défis dans la composition de Tutti ?
"Tutti, ma première pièce pour électronique et ensemble, est née des difficultés inhérentes à cet effectif. Quand on écrit pour instrument seul et électronique, on a assez de place pour l’électronique. Mais plus le nombre d’instruments augmente, plus la place que l’on peut garder pour l’électronique est réduite car les instruments se suffisent pour d’emplir l’espace spectral et acoustique de la salle. Or je souhaitais que l’électronique ne soit pas réduite à une simple coloration de l’instrumental : cela devait me conduire à créer un véritable instrument hybride.
J’en suis arrivé à la conclusion que cela n’était possible qu’à condition de lâcher prise sur l’écriture instrumentale habituelle afin de donner l’espace nécessaire pour l’électronique de s’insérer dans le jeu des instruments. En gros, il faut s’imaginer que l’on joue à partir de données brutes : hauteur, temps, rythme, mais aucune fioriture temporelle ni mode de jeu. On est loin de la surabondance de détails qui caractérise parfois le répertoire contemporain. L’électronique s’insère dans cet espace, créant ainsi un corps composite dans lequel idéalement on ne parvient plus à distinguer ce qui est de l’électronique de ce qui ne l’est pas.
Par trois fois en revanche, l’électronique devient autonome et envahit l’espace grâce aux haut-parleurs, devenant ainsi musique acousmatique. Cet arrière-plan dont on ne comprend pas la nature de prime abord envahit la salle tandis que les autres instruments continuent à jouer des marqueurs simples. L’électronique s’échappe alors de ce corps composite dans des moments dramatiques qui ont pour but de frapper l’imaginaire.
L’appareillage électronique est interactif et automatique, sans aucun traitement. Il n’y a pas d’écriture de l’électronique, mais il y a une écriture d’algorithmes. « S’il se passe telle chose, fais un arpège dans tel sens » pourrait être une de ces règles. Ainsi, la musique électronique change à chaque exécution car les algorithmes réagissent dynamiquement à ce qui les entoure. Ce n’est pas non plus de l’improvisation parce que les inventions électroniques agissent comme des commentaires de ce que jouent les instruments. En somme, c’est une sorte d’ornementation qui ne change pas la totalité de l’image que l’on perçoit. Ce sont des systèmes interactifs, mais pas invasifs."
Concerts SMC Lausanne
+ Programme complet