Fidélité (1983)

Fidélité fait la part belle à la complicité entre la voix, la harpe et une certaine forme de théâtralité musicale. Impossibles à séparer, ces trois aspects constituent un tout émotionnel qui fait percevoir plus profondément ce que ressent l’interprète. La théâtralité se retranscrit par les gestes et actions – musicales ou non – de la harpiste. On retrouve ce travail dans les changements à vide des pédales ou dans les regards de l’interprète. Ainsi, plusieurs didascalies, tantôt muettes, tantôt lues explicitement, contribuent au caractère théâtral de l’œuvre ; « elle tient la harpe enlacée et sa tête contre l’instrument », clôt la partition. La pièce indique également qu’un homme « âgé, digne, bien habillé », tient le poignet de l’interprète et la regarde tout le long de la pièce.
Estelle Costanzo voit cette pièce comme « une parenthèse où tout pourrait être dit, où les rapports de la femme avec son instrument (la joie de pouvoir jouer), avec la musique (l’inquiétude de l'interprète face au langage des sons) et son identité propre vis-à-vis de sa vie de femme (épouse), viennent former le triangle d’un monde qui se déchire ».
Texte: Christophe Bitar