À deux (2009)

A deux recherche la dualité de plusieurs manières. Dualité des notes d’abord, en jouant sur la possibilité de l’accordage enharmonique des cordes de la harpe. Ainsi, le bivalent bisbigliando (entre si et do bémol) qui ouvre la pièce, forme le noyau générateur des événements à venir. Dualité du geste musical ensuite, puisque la pièce va et vient entre unité et divergence, entre minimal et maximal. Dualité enfin des timbres, par la recherche d’une diffraction des sons purs de la harpe. Cette difformité est établie par une préparation minutieuse de l’instrument, à des fins de modification timbrique. Les cordes aiguës sont préparées avec du papier sulfurisé – produisant un son « déformé et plus amorti » –, tandis que les plus graves voient s’accrocher des pinces à cheveux – un procédé que Nemtsov avait déjà expérimenté dans How slow (2008) afin de rendre les sons plus désaccordés, proches de ceux d’un gong. A cela s’ajoutent une cloche et un véritable gong, qui viennent conclure l’« émancipation » de la harpe.

Texte: Christophe Bitar