Die Aussicht (1996)
Kaija Saariaho + Biographie
pour soprano, flûte, harpe et violoncelle
« Die Aussicht est la première pièce que j’aie écrite en me basant sur une poésie tardive d’Hölderlin, et la musique exprime simplement mes impressions sur ce beau texte. » Voilà les quelques mots que Saariaho nous livre sur sa pièce. Creusons les liens tangibles entre le texte et sa mise en musique. Le poème de Friedrich Hölderlin (1770-1843) effectue un parallèle entre le cycle des saisons et la vie humaine ;
ces mortels condamnés, au faîte de leur existence, à entrevoir un futur plus sombre. Mais il finit par concéder que les âges des hommes sont tant de fleurs qui éclosent à point nommé et réjouissent tant le cycle de la nature et que celui des vivants. Ainsi, c’est la fébrilité résignée mais optimiste du poème que retranscrit cette miniature poético-musicale.
Dans une teinte mi-onirique, mi-angoissée, le début a les couleurs brouillées d’horizons perdus, et suit, pas à pas, les peurs de la narratrice. Saariaho y demande un son très égal (very even) et des tenues aux cordes senza vibrato, des harmoniques sul ponticello, un miroitement de la flûte – en notes conjointes ou à peine posées –, tant de feuillages entre lesquels se glisse la voix de soprano. Puis, la texture se réchauffe, par une texturisation plus fine et divers trilles ou trémolos, suivant la crainte de l’âge à venir. On goûtera, dans la section finale, le timbre doux et chaud du registre grave de la flûte qui anticipe le vers conclusif. Ce dernier file et boucle en effet la métaphore entre les lois de nature et celles de la vie humaine.
Plusieurs versions existent de cette pièce :
en 2019, elle sera créée pour quatuor à cordes, après avoir été composée originellement pour flûte, guitare et violon et violoncelle, et arrangée pour un piano à la place du violon et de la harpe en 1998.
Concerts SMC Lausanne
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