Oeuvres

Bestiarium musicale (2022)

Noriko Baba + Biographie

pour petit ensemble

Bestarium musicale, pour petit ensemble (2022)
- Aspis
- Bernace 
- Cuculus 
- Draco
Ces quatre mouvements sont les premières marches d’une construction musicale qui se veut à la grandeur des « fresques, tapisseries, vitraux et enluminures d’autrefois ». A sa manière, Noriko Baba retrace dans ce début de cycle la compréhension directe de quatre créatures animales, qui ouvrent son « bestiaire sonore ».
« Aspis est un serpent qui garde une oreille collée au sol et l'autre bloquée par sa queue pour s’empêcher d'écouter de la musique » indique la compositrice. Le toypiano, aux sons désaccordés, mêlé aux vibrations de l’archet sur le waterphone, évoque, à partir de simples arpèges, le gamelan balinais. Il s’alterne avec une texture rugueuse, entretenue par la crécelle et le jeu écrasé des archets sur les cordes. Le tout rend un son hypnotisant qui suit des yeux le mouvement lancinant de l’aspic.
On rejoint ensuite les sympathiques bernaches nonettes qui naissent dans les arbres surplombant des étendues d’eau. « Une fois ces oiseaux « mûrs », ils tombent des arbres ; ceux qui tombent à l'eau flottent et vivent, tandis que ceux qui tombent au sol meurent. » Ici, le jeu de balancement des oiseaux est caractérisé par un travail raffiné des glissandos. Flûte à coulisse, trémolo de flexatone, glissandos sur la corde du violoncelle (avec des « effet de mouette » !) et amples vibrations de frappes sur les cordes graves du piano : tout concorde dans Bernace pour rendre l’esprit d’un mobile d’enfant mis en mouvement, et qui, finalement, s’immobilise.
Place alors aux Cuculus (coucous). Tandis que les mâles chantent pour revendiquer leur territoire, les femelles squattent les nids des autres volatiles et en tuent les progénitures. Ici, le mouvement perpétuel d’alto, rejoint rapidement par le piano (dont certaines notes ont été préalablement étouffées), tourne en boucle sous les appels de deux appeaux de mésange. D’esprit scherzando, les arrêts brusques laissent néanmoins une image lugubre de ce que ces créatures font subir aux autres habitants des bois…
« Draco (Dragon) vole de ses ailes démesurées et brille dans l'air. Il vainc les imbéciles avec son immense queue. » Alliant multiples modes de jeux de cordes et de vents, harmoniques de guitare, tournoiement d’un tube en plastique et frappes sur une plaque à tonnerre, ce dernier mouvement crée un crescendo qui grandit encore et encore. Son parcours suit toutes les micro-étapes de la progression de l’intensité sonore. L’installation d’une insécurité auditive croît autant que l’admiration face à ce qui grandit sous nos yeux.

Texte: Christophe Bitar

Concerts SMC Lausanne

Lundi 18 Novembre 2024 (Saison 2024-2025)
Ensemble contemporain de l'HEMU
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