murmurs (2009)

L’esthétique de murmurs s’attarde sur la fébrilité sous-jacente à l’émission des sons par les instrumentistes. C’est à partir de la relation intime entre le musicien, son instrument et le son qu’il émet que Rebecca Saunders tisse une palette de timbres fragiles et à fleur de peau. Les neuf instrumentistes sont répartis entre cinq solistes et deux paires de duettistes. Chacune des parties fut composée séparément, créant ainsi sept « surfaces sonores », qui, une fois juxtaposées par le collage, s’entrechoquent et façonnent un espace acoustique propre.
Elle cite deux auteurs qui guidèrent son processus de création : Samuel Beckett (1906-1989) : « Lumière infiniment faible, il est vrai, puisqu'il ne s'agit plus que d'un simple murmure. ... Une chose douce qui s'agite doucement et qui bientôt ne s'agitera plus. Jusqu'à l'obscurité visible pour fermer les yeux et entendre, ne serait-ce que cela. » (extrait de Company, 1979), ainsi que le philosophe franco-algérien Jacques Derrida (1930-2004) : « La trace n'est pas une présence mais plutôt le simulacre d'une présence qui se disloque, se déplace et renvoie au-delà d'elle-même. La trace n'a pas, à proprement parler, de lieu, car l'effacement appartient à la structure même de la trace », traitant son concept abstrait de différence.
Texte: Christophe Bitar