State of matter (2024)

La nouvelle pièce de Paul Clift, State of matter, amorce une réflexion sur différents « états de la matière » et leur traduction musicale. Le matériau électronique repose sur des échantillons sonores provenant du terrain : des bruits de ruptures ou de mouvements de calottes glaciaires. Il puise alors dans des archives sonores constituées à partir d’enregistrements principalement effectués en Scandinavie. A l’aide d’hydrophones – des microphones qui permettent d’enregistrer sous l’eau –, on peut recueillir les sons subaquatiques. Ils sont générés par l’écoulement de l’eau à travers les failles des icebergs ou par la rétraction et la dilatation de ces masses de glace.
A la manière d’un encyclopédiste acoustique, ces espèces sonores l’intéressent d’autant plus qu’elles sont en voie de disparition. En effet, le réchauffement climatique raréfie les conditions qui permettent leur production. Sa pièce retranscrit la fonte des glaces, avec une décroissance à partir d’un impact initial. De la chute de ces titans glacés se font entendre des « gémissements profonds et continus qui rappellent le ralentissement de la parole. »
Texte: Christophe Bitar