Ombres (2021)

Des ombres rampent sur le parquet, s’approchent et fondent sur ce qui les entoure. Des spectres apparaissent, dotés d’une effrayante instabilité. Comme à travers un miroir difformant, le décor ne cesse de se métamorphoser au gré des regards, mais réagit au même degré de distorsion. Ces déformations sont créées par « de légers décalages de fréquence qui engendrent des battements plus ou moins serrés. Ils modifient la sonorité individuelle de chacune des sources. » C’est ce caractère hybride qu’a exploité Raphaèle Biston dans Ombres. Avec un son mi-acoustique, mi-artificiel, on gagne en « présence, variabilité et contrôle ainsi qu’en souplesse, précision et plasticité. » De plus, en superposant des strates de sons de qualités différentes, elle crée des « ambiguïtés sonores » qui rendent active l’écoute qui se focalise sur l’évolution de ces objets sonores. L’électronique ajoute écho et profondeur aux images acoustiques, accompagnant et déformant à la fois les personnages incarnés par les instrumentistes. 
Texte : Christophe Bitar