Oeuvres

Fragmente - Stille, an Diotima (1979-1980)

Luigi Nono + Biographie

pour quatuor à cordes

Considérée comme une rupture avec les œuvres précédentes de Nono, cette œuvre marque un « tournant » dans le sens où son travail de composition passe de préoccupations extérieures (musique politiquement engagée) à intérieures (enjeux esthétiques). Il réemploie néanmoins des techniques qu’il a déjà utilisées, notamment la composition à partir de fragments mis bout-à-bout (Diario polacco ’58 (1958-59)). La musicologue Doris Döpke remarque que la pièce ne comporte pas « de figures musicales clairement définies dont on puisse se souvenir, pas de « développement » qui tienne pendant une certaine durée, pas d’élaboration ou de diminution continue des tensions, pas de « grande arche » facilement discernable par l’écoute. » C’est en revanche une esthétique d’un dépouillement extrême, de fébrilité constante, de persistance dans le non-développement qui rend l’oreille sans cesse attentive et qui, tels des mirages sonores, tend à percevoir des similitudes entre passé et présent musicaux. Le fragmentaire de la perspective sonore se complète par l’emploi de textes de Friedrich Hölderlin (1770-1843), dont Nono utilise 52 fragments (parfois quelques mots : « …geheimere Welt… », « …den Raum… »). Il cite notamment des extraits de Hypérion (1797/99), roman dans lequel intervient Diotima, incarnation de l’amour et de l’harmonie. Ces citations textuelles apparaissent dans la partition en guise de noms de sections, mais ne doivent, selon les instructions du compositeur, en aucun cas être récités lors de l’exécution… Loin de former un programme à la pièce, elles viennent s’inscrire uniquement dans l’esprit des interprètes. Musicalement, Nono cite la scala enigmatica et une chanson d’Ockeghem (1420-1497).

Texte : Christophe Bitar

Concerts SMC Lausanne

Lundi 10 Mars 2025 (Saison 2024-2025)
Quatuor Minguet
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