Octandre (1923)

Assez lent - Très vif et nerveux - Grave, animé et jubilatoire

Composée en 1923, cette oeuvre regroupe huit instruments à l'exclusion de toute percussion; elle fut créée à New York en janvier 1924 sous la direction de son dédicataire, le chef E. Robert Schmitz. De façon inhabituelle pour Varèse, Octandre se divise en trois mouvements enchaînés. Chaque mouvement est introduit par un solo: hautbois dans le premier («Assez lent»), petite flûte dans le second («Très vif et nerveux»), basson et contrebasse dans le troisième («Grave» puis «Animé, jubilatoire»). L'alternance des solos et des tutti est l'un des principes formels de la pièce. Les figures musicales, toujours très caractérisées, possèdent un caractère incantatoire: elles tournent autour d'une note pivot, dans un ambitus marqué par les sauts de septièmes et de neuvièmes au hautbois, dans un ambitus restreint au piccolo, et dans une atmosphère de gravité au basson et à la contrebasse. Les réponses du groupe ont elles aussi un caractère incantatoire, en raison de la répétition obstinée des mêmes accords et des mêmes motifs; ce sont de véritables chorus. Dans le troisième mouvement, la partie rapide commence curieusement par une sorte d'exposition de fugue qui n'existe nulle part ailleurs dans l'oeuvre de Varèse. Les différents thèmes sont apparentés. Le titre de la pièce renvoie à la botanique: on parle de fleurs octandres lorsqu'elles comportent huit étamines. (Philippe Albèra)