Quatuor à cordes no 6 "Vhernier" (2004)

Le sixième quatuor va encore plus loin que le quatrième dans l’expression du mystère de l’Unité cachée de l’univers, puisqu’il remonte aux moments primordiaux de l’émergence de l’être à partir du non-être. Cette composition fait intervenir un rapport particulier entre le son et le silence. Ce dernier n’y est pas utilisé de manière traditionnelle, c’est-à-dire comme élément de ponctuation du discours, permettant de séparer et distinguer les phrases musicales entre elles. Il est la profondeur insondable de laquelle les sons émanent mystérieusement, isolés et clairsemés dans l’immensité comme les étoiles disséminées sur la voûte céleste. Cette disproportion entre le néant et l’être, loin d’anéantir ce qui est, ne le met que mieux en valeur. Par leur vulnérabilité et leur rareté, chaque émanation devient événement, fête, cristal pur et délicat. Les sons, éparpillés sur le vide du silence, sont ainsi mis en évidence telles des pierres finement taillées dans leur écrin. C’est d’ailleurs le catalogue d’un orfèvre bijoutier : la maison Vhernier à qui le quatuor est dédié, qui inspira Lucian Metianu dans la composition de cette pièce. (Daniel Eisler)