Oeuvres

Intermezzo (1993)

Valentin Silvestrov + Biographie

pour orchestre de chambre

Cette pièce est un intermezzo non seulement par sa brièveté, mais aussi par la clarté de sa forme: la progression andantino – andante – allegro, avec retour à l’andante après le point culminant, donne une arche simple. D’autre part, elle est plus qu’un intermède ou qu’un pur interlude, car elle exige davantage de nous: le champ sonore qui s’y édifie est rempli de signes inquiétants et d’une menace sourde. Ainsi, des notes graves répercutées dans le piano suscitent des réponses aiguës du piccolo. Ce champ vibre, certains intervalles se détachent jusqu’à ce qu’il s’en élève une mélodie des cordes, dont les notes sont colorées par le doublement occasionnel d’autres instruments, comme dans une «mélodie de timbres» (Klangfarbenmelodie). Le champ sonore progresse jusqu’à l’excitation avant de s’affaisser finalement.
L’humeur de fond est le «misterioso» prescrit par le compositeur. Rien ne ressort trop nettement. Ce n’était donc qu’un intermezzo, pourrait-on croire, et qui se suffit à lui-même. Mais il renvoie pourtant dans d’autres directions, comme le font les Chants de deuil, plus amples, de ce compositeur, ou ses œuvres «kitsch» ironiques, mélancoliques et enjouées. En 1991, Valentin Silvestrov déclarait au musicologue Walter Kläy: «Ma musique recherche un sentiment de félicité. Mon style néotonal est métaphorique – on pourrait aussi dire allégorique – dans la mesure où il utilise les moyens connus de la tonalité comme allégories ou métaphores des pensées et des émotions éternelles des hommes.» (Dissonance n° 83, octobre 2003). Telle est peut-être l’attitude sous-jacente ici: la vie est un intermède.

Concerts SMC Lausanne

Lundi 08 Novembre 2004 (Saison 2004-2005)
Orchestre de Chambre de Lausanne
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