Assonance III (1989)

« Je considère la série des Assonances, que je désigne volontiers de « Carnets de notes », comme un droit que je prends de me concentrer sur une idée et de m’y sentir libre. Dans la peinture, l’esquisse constitue une étape tout à fait naturelle permettant à l’artiste de cerner un problème. Dans la musique, cet angle n’existe pas vraiment. Normalement, je possède, avant d’écrire, une bonne vue d’ensemble de ce qui va se passer au niveau de la forme, des motifs, etc. Depuis peu, j’ai, au contraire, tendance à commencer, puis à développer très rapidement de manière très prolifique».  (M. Jarrell)

L’ensemble des Assonances – numérotées jusqu’à IX à ce jour – est un cycle pour divers effectifs, de l’orchestre (Assonance IX, 2000), à la pièce solo (Assonance [I], pour clarinette, 1983) ; c’est notamment cette dernière qui le fit connaître. Il considère les différents numéros de ce cycle comme un « cahier d’esquisses », où il se permet de « se concentrer sur une idée et de s’y sentir libre ». 
Dans Assonance III, on peut voir dans les impacts qui ouvrent l’œuvre l’idée génératrice de ce qui suit. Avec l’illusion de résonance créée par les touches enfoncées du piano et le silence assourdissant qui sature cette introduction, les bases du parcours sont posées. Ce geste brutal se décompose ensuite en une multitude de gestes rapides, en notes répétées ou bien s’évapore dans de quasi-imperceptibles nébulosités. Ces brumes se dispersent, s’égarent, puis se rassemblent en une bourrasque, qui tonne aux environs des deux-tiers de l’œuvre, selon une proportion qui se base peut-être sur le nombre d’or. C’est là que jaillit une impressionnante cadence pour clarinette basse, composée à l’origine pour Ernesto Molinari. La bruine se dirige finalement vers un horizon commun, autour de mi bémol, qui sert de point de fuite aux flèches décochées dans la première partie de l’œuvre. (Christophe Bitar)