Neuland (Terre Nouvelle) ()

L’oreille juge différemment de l’œil. Charlotte Hug enregistre ses improvisations. Inspirée par ce matériau sonore, elle fait courir ses crayons sur le papier, comme une onde sismique, guidée par l'intuition de ses visions. Elle trace des portées, des points, des signes en pelotes. Elle rythme la page blanche et modèle les hauteurs, elle travaille par échelons et dévoile l'espace vide. La partition naîtra de ces nouvelles notations – les sonicons.
L’œil juge différemment de l'oreille. L’œil visualise le canevas de la partition, l'oreille suit la pensée et organise le chevauchement des sons selon sa propre sensation auditive. Le spectacle se construit grâce au dialogue entre le visuel et l'acoustique et aboutira à l'identité musicale de la création. L'identité varie, s'accroche, éphémère, dans les fluides de la réalité. L’œil et l'oreille partent ensemble en quête d'aventures nouvelles. Ensemble, ils élargissent le champ de l’alto, libérant les sons en cascades, en boules, en réseaux et filets, en particularités sonores aux vibrations propres. Les sons s'articulent. Des mondes se créent en parallèle. Rapides, criards. Lents, légers, silencieux.
Neuland est un spectacle musical en trois parties – Delirium, House of Detention et No land. Bien que jouées à la suite l’une de l’autre, elles sont plus que le simple fil rouge d'une histoire. Terre Nouvelle va au-delà du récit à la recherche de l'inconnu, de l'originel, pour lui donner une forme et une identité propres. Neuland est un voyage d'aventures musicales et visuelles, partant de l'intérieur des sons à leurs frontières, s'en revenant vers le fond, de l'oreille à l’œil et à l'instrument, de la forme complexe à l'essence même dans un aller et retour incessant. Neuland est un dialogue musical dont les protagonistes sont les sons et les bruits, les éléments de résonance sur scène et les illustrations. Une communication simultanée entre les éléments des sons et les bruits produits, entre le paradoxe et l'instable, rendue par superpositions et tons flous, traduisant une furieuse envie d'avancer et le désir de rester immobile. Le langage est clair. (Nadine Olonetzky)