Spüren (2000)

En mémoire d’Ursula Sänger
Ursula Sänger, secrétaire au Conservatoire de Lucerne, a consacré sa vie aux étudiants et à leur musique, bien que prétendant ne pas la comprendre. En fait elle s’est dévouée corps et âme pour eux. Au moment de quitter cette institution, elle n’a pas supporté d’en être séparée. Son ultime décision devait être irrémédiable.

La structure de l’œuvre suit un parcours émotionnel qui, sans suivre de programme descriptif, est directement inspiré par ces événements dramatiques. La seule source sonore pour l'ordinateur est le son du piano. Ce que l'on entend est donc la transformation en temps réel du jeu de la pianiste (miroir, renversement, désintégration, répétition etc.). La composition programmée réagit à l'impulsion de la musicienne, qui joue donc finalement sur les deux instruments simultanément. Par les variations inhérentes à chaque exécution, le programme réagit de façon différente. Pour sa part, l'informaticien se borne à gérer la suite des programmes et à surveiller la qualité de l'émission sonore. Au début, la pianiste « nourrit » le système par quelques interventions. Cet état statique est remplacé par une tentative d'imitation, qui se développe en mouvements de plus en plus intenses. Avant le point de rupture où le chaos deviendrait inaudible, la pianiste introduit la dernière partie. Les sons initiaux réapparaissent, libérés de leur statique, créant une pulsation dans laquelle le piano peut jouer librement.