Oeuvres
Schrift-Um-Schrift (1993-2007)
Wolfgang Rihm + Biographie
pour deux pianos et deux percussions
Pour moi la musique n'existe que comme matière vivante. C'est pour cela que je n'ai jamais tenté de concevoir la musique comme une suite de signes en quelque sorte quantifiables mais plutôt comme une transmission d'énergie, comme un flux d'énergie, comme la transgression d'une barrière. Le complexe de l'œuvre, duquel découle cette nouvelle œuvre, est un labyrinthe, un ensemble qui se perpétue et dans lequel les œuvres s'effacent et se superposent en donnant lieu à de nouvelles parties. C'est comme un processus naturel qui n'est pas planifié et qui est indépendant de ceux qui l'ont commencé. Au fondement de ce processus il y a la génération expérimentale de matériaux qui révèlent toujours quelque chose de nouveau. Tout est jeu et je suis comme un enfant qui réinvente les choses pour mon plus grand plaisir. Les œuvres de ce genre se répondent simultanément et la question soulevée par une est reprise par l'autre et ce qui reste est affiné par la suivante. C'est sûrement quelque chose qui a à voir avec l'économie de travail et une prédisposition personnelle. Pour moi, il n'existe pas de reste mais tout devient fécond ailleurs – ou au moins c'est ce que je souhaite. Si pendant des décennies j'ai reçu des textes qui ont frappé à ma porte avec les paroles « C'était bien ! Réessaye encore ! », je l'ai toujours ressenti comme une invitation à donner une réponse rétroactivement. Il ne s'agit pas d'améliorer l'œuvre mais de possibilités qui existent afin de la déficeler toujours plus. C'est l'envie de laisser grandir le potentiel. Cette idée est liée à la connaissance de l'ambivalence qui concerne la « fin » d'une pièce. Une œuvre est finie quand on déclare qu'elle est finie. Le problème consiste à trouver le bon moment. C'est quelque chose que l'artiste plasticien expérimente beaucoup plus souvent, car il est toujours confronté avec le trait qui peut être déjà de trop le moment suivant ou avec la couleur qui peut devenir trop épaisse et donc « détruire » un tableau. Dans la musique les objets ne doivent pas disparaître. Ils peuvent être recréés. Même si on laisse proliférer des structures, quelque chose nous ramène à substituer une écriture avec une autre. Le premier programme que Stockhausen m'a envoyé quand j'étais son élève était un programme de Palermo. Avec un crayon vert il avait écrit dessus : « Cher Wolfgang Rihm, suivez totalement votre voix intérieure. Cordialement, Stockhausen ». Quelle lettre de maître ! Ces mots furent pour moi comme un mantra. Parfois je me suis assis au bureau et j'ai regardé le papier. « Suivez totalement votre voix intérieure ». Je me suis demandé : qu'est-ce qu'elle dit maintenant ? Est-ce qu'elle dit vraiment quelque chose ? Et d'un coup il était possible de dialoguer avec des sphères qui n'étaient à ma disposition auparavant. (Wolfgang Rhim traduit de l'allemand par Francesca Serra)
Concerts SMC Lausanne
Lundi 06 Décembre 2010 (Saison 2010-2011)
Quatuor Makrokosmos
+ Programme complet
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