Sikus-Arka/Ira (2010)

Siku veut dire flûte de pan en langue « aimara ». Cet instrument d’origine sud-américaine a inspiré l’écriture de la pièce dans la forme, ainsi que dans les modes de production du son. La pièce est constituée de trois parties : arka, interlude et ira, faisant référence aux deux parties de la flûte de pan. Arka représente la partie féminine de l’instrument avec 6 ou 8 trous de jeu et Ira le coté masculin avec 7 trous de jeu. Le Siku peut être joué de deux manières, la « manière citadine » avec l’intégralité des notes jouées par un musicien ou la « manière campagnarde » avec deux musiciens interdépendants n'ayant chacun que la moitié des notes et qui se répondent.
En faisant allusion aux parties du Siku, cette pièce a été écrite pour deux sextuors de flûtes (un sextuor de flûtes à bec et un sextuor de flûtes Paetzold). L’ensemble est divisé en quatre groupes, chacun d’eux étant constitué de trois musiciens, trois microphones et un haut-parleur. Après avoir exploré les possibilités sonores du Siku et des flûtes, j'ai été fasciné par la quantité de sons produits. Le filtrage déterminé par la position de la bouche ou l'intensité du souffle offre en effet de multiples colorations sonores. J'ai décidé de poursuivre cette même démarche avec l'électroacoustique en utilisant différents filtres qui agissent sur le bruit blanc. Ce filtrage me permet d’obtenir un rideau qui masque souvent le son des flûtes et permet aussi d’imaginer un monde caché et lointain de sonorités inconnues ou peut-être simplement inconscientes avec comme seule passerelle : le rêve. (Juan Arroyo)