Fractal Voices (2016)

Tout instrument à vent est une métaphore de la voix humaine.
Que ce soit le hautbois, la flûte, la clarinette, le basson ou le cor, ces "corps sonores", dont la facture est issue de la main de l'homme, transformant du bois, du métal en un organisme sonore complexe, sont tels des corps statiques, inanimés, qui attendent d'être traversés par le souffle d'un être humain, vivant, respirant, chantant.
Chacun de ces vents a une longue histoire. Leur facture actuelle résulte d'une pratique séculaire qui peu à peu s'est régulée pour se définir de façon extrêmement précisément aujourd'hui. Chaque vent est comme un animal vivant, singulier: ici le guépard, le  mouvement mélodique de sa course, là l'aigle, son cri, sa majesté, sa vitesse, son agilité, ou là  le rossignol, ou ici encore le loup.
Cette nouvelle oeuvre explore l'archéologie et le devenir de ces singulières différences: honorer et magnifier chacun comme tous ensembles.  De la "vibration vocale" de la flûte jusqu'à celle du cor.
La narration débute par de simples alliages de couleurs: harmonies d'un choral étrange, car réminiscence des voix réelles, évocation des voix chantées, humaines. Espace médiéval.
Aussi, régulièrement, chaque vent est "pur" chant, premier, alphabétique, parfois réduit à une simple tenue, subtilement variée dans l'énergie du souffle. Puis, peu à peu, ces chants subissent maintes transformations selon un principe fractal: le grain du souffle traversant le bois, le métal, devient texture, choeur dévoilé sous une autre échelle, plus large.
Cette dérive de la voix se démultipliant fait advenir alors, pas à pas, un total nouvel "instrument", toujours soufflé, chantant, mais dont la dimension vocale s'est comme fractalisée, en une myriades de voix passées au prisme d'une perception kaléidoscopique.
Hallucination. Onirisme. Perspective.
La voix, le souffle du quintette arrive alors dans un monde inconnu.

Evocation. Le maître mot. (Philippe Schoeller. 11 septembre 2016. Paris)