Gegen (2010)

Gegen est un hommage et un écho. Un hommage à Bernd Aloïs Zimmermann ; un écho à sa Sonate pour alto solo.
« Le premier mouvement est caractérisé par un parcours menant de la répétition obsessionnelle de certains gestes âpres à une fin suspensive et diaphane où de larges figures en arpèges ascendants se fondent peu à peu en des trilles dépourvus de toute tension. On peut y voir l’expression d’une conscience tourmentée et son aspiration à l’élévation. […]
Le second mouvement, de nature calme et de forme Lied, est une sorte de choral figuré. Il est articulé sur deux citations empruntées à la Sonate pour alto de Bernd Alois Zimmermann et se termine par une courte coda, composée d’un simple fragment mélodique de trois notes qui est lui-même emprunté au choral « Gelobet seist du Jesu Christ » (sur lequel est construite la fin de la sonate) mais ici transposé à la septième majeure inférieure. […]
Le troisième mouvement évoque le destin terrible du compositeur qui mit fin à ses jours le 10 août 1970. Il est construit sur une série de dix accords de trois ou quatre sons dans lesquels la note si joue un rôle prépondérant et tout particulièrement dans la mesure finale de la pièce où, longuement tenu en simultanéité avec un la dièse haussé d’un quart de ton, il exclut, par son refus de l’unisson, toute forme de réconciliation. […]
La musique de Zimmermann, symbole d’une indépendance farouche – mais aussi de résistance – est un modèle de probité et d’exigence intérieure. Elle porte la marque d’un homme qui semble avoir concentré en lui tous les stigmates de son époque. Sa vie entière il s’est battu contre eux mais aussi contre lui-même : « L’ennemi de mon âme – ce côté inutilement tourmenté [...] – se retrouve invisible derrière ma chaise, et sait qu’il ne mourra pas » confiait-il à son Journal en 1946. C’est à l’esprit de cette lutte, autant qu’à la figure de Zimmermann elle-même, que j’ai voulu rendre hommage. » (William Blank)