Restore Factory Defaults (2017)

Dans un monde toujours plus connecté, rien de tel qu’une pièce sur le déluge numérique. Submergée par les informations qui lui parviennent de toutes parts, la soliste ne parvient que difficilement à réaliser son objectif : chanter ! Plongé dans un décor pixélisé, à l’aspect rétro d’un jeu d’arcade, un labyrinthe sournois défile : il faut sans cesse faire de la place pour retrouver une liberté de courte durée. L’œuvre accentue un fréquent rapport conflictuel vis-à-vis de la machine, qui pousse à devenir machine à notre tour. A tel point qu’à la fin, la mezzo-soprano est « avatarisée » en quatre silhouettes qui deviennent alors les rouages du système.
Restore Factory Defaults joue sur nos attentes et nos frustrations, renforcées par un cynisme imaginaire de l’ordinateur, faux et pourtant bien agaçant. Au fur et à mesure des interactions de la chanteuse avec l’interface, on cherche en vain à comprendre les causes des interférences numériques. On se plaît alors à concrétiser un dialogue évidemment fictif entre l’homme et la machine. Mais comme celui-ci semble donner sens à l’ensemble de l’œuvre, on peine à en refuser l’existence.

Christophe Bitar