erro.convolution~ (2024-2025)

À l’origine de l’œuvre, une réflexion sur le lien entre l’interprète et les algorithmes qui l’entourent. Elle s’inscrit dans une démarche de recherche d’Alberto Barberis et Bera Romairone développée au sein de leurs doctorats respectifs. Ils défendent « une création artistique engagée et très critique par rapport au système dominé par la technologie et les algorithmes qui s'est imposée depuis des années. » Pour poursuivre cette idée, l’interprète est augmenté d’un système électronique qui lui permet d’interagir avec des algorithmes en direct. L’électronique réagit aux gestes du performer par le biais de convolutions, c’est-à-dire de transformations qui analysent en direct la continuité gestuelle de l’artiste. L’instrument ainsi augmenté fait ressortir la lutte entre l’humain et la machine, laquelle semble imposer une perfection déterminée et inaltérable.
Le résultat artistique questionne alors l’importance de l’humain au sein des processus de créativité, quand ceux-ci mêlent humain et machinerie électronique. La performance live a pour but de « saboter » et de transformer le bon déroulé de l’algorithme. S’ensuivent une série d’erreurs, d’altérations et autres dysfonctionnements dans la matrice numérique, entraînées par les agissements de l’artiste. Leur interdépendance inéluctable exhibera progressivement les tensions entre ces deux modes de production artistiques. Derrière la performance musicale, le processus d’algorithm bending représente à la fois une « critique sociale et politique et un moyen d'articuler des pratiques artistiques subversives. Il permet d'étendre les possibilités d'interaction sociale créative et critique. »
Texte : Chrisophe Bitar