Oeuvres

Homo de l'enfer (2024)

Elsa Justel + Biographie

pour saxophone et live electronics
création mondiale

A l’origine de la pièce, une rencontre fortuite entre Bera Romairone et Elsa Justel. De ce moment impromptu se sont liés deux esprits créatifs, offrant le terrain fertile à une collaboration enthousiaste. Leurs deux approches s’assemblent et se complètent pour former un « espace unique. » En étroite collaboration avec l’interprète et dédicataire de l’œuvre, la compositrice a exploité la virtuosité de la saxophoniste en mettant en avant des mouvements spécifiques sur l’instrument. A partir d’enregistrement préalables, Elsa Justel a mis en avant la manipulation des mécanismes de l’instrument ainsi que l’utilisation d’une vitesse et de registres extrêmes. Grâce à l’amplification électronique, chaque détail compte : « il est possible de capter les moindres effets d'articulation et d'émission, ce qui permet au compositeur de créer des effets intéressants en éliminant l'origine de la source. De cette façon, un dialogue entre les deux protagonistes est créé à travers une sémantique de fusion et ségrégation. » Mettant en parallèle articulation électronique et articulation sensible, le discours sonore s’articule dans les rainures communes aux deux objets sonores, qu’il s’agisse de leurs couleurs ou de leurs textures.
La pièce développe la relation fusionnelle entre le timbre du saxophone et l’apport de l’électronique. Elle forme ainsi un discours mixte dans lequel l’instrument est incarné et l’onde est invisible, dans une « symbiose sonore. » L’Homo de l’enfer fait référence à l’origine du saxophone, lorsque son inventeur, Adolphe Sax (1814-1894) luttait avec ses rivaux au sujet de son invention. Pour Elsa Justel, il s’agit surtout de mettre en avant une humanité (issue de la même racine que « homo, hominis »). Sa pièce reflète une attitude difficile à maîtriser, saturée de rugissements caverneux et de grognements infernaux : « des moments de colère, irradiés de glissandi aigus, de brusques pauses atterrissant en frullatos épais, une marche furtive sur une surface cotonneuse, subtilement nuancée par des sons brisés, une longue période de calme erroné qui conduit à la fureur rugissante du maître des enfers. »
Texte : Christophe Bitar

Concerts SMC Lausanne

Lundi 28 Avril 2025 (Saison 2024-2025)
Bera Romairone
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