Solo per due (1990)

Il y a deux références dans cette œuvre : l’une vient de la forêt tropicale australienne, un endroit magnifique, où j’ai assisté à un duo de deux oiseaux en parfaite stéréophonie. J’ai ensuite transcrit cette mélodie pour flûte et piccolo, les notes reproduisant l’atmosphère originale. La seconde provient du 2ème concerto pour violoncelle de Zimmermann. Habité par cette œuvre que j’ai jouée pendant mes études de composition à Berne, j’ai progressivement introduit dans ma propre composition un intervalle particulier (seconde mineur), intervalle qui est central dans le thème de Zimmermann, comme dans le mien. Ce thème apparaît rapidement avant l’ «improvisation ». Il y a un parallèle entre Zimmermann et moi : Zimmermann était un fan de jazz qui voyait dans le jazz le prototype d’une « alternative », une musique libre dont le sens l’a fasciné et dans l’existence de laquelle il a vu comme une espèce d’ « utopie » de musique libérée ; une « musique de la nature » qui préserve la spontanéité, spontanéité qui, dans la musique contemporaine est de plus en plus absente. Le jazz est aussi présent dans ma pièce. Malgré mes réserves à l’écoute des musiciens classiques (à l’exception de quelques-uns), qui essaient de jouer du jazz, je me sens progressivement et fortement influencé par lui. En improvisant avec mon frère Patrick, des thèmes me sont apparus, thèmes que j’ai transcrit le plus fidèlement possible, un de ceux-ci apparaît fréquemment sous diverses formes, il est ainsi devenu le thème principal de Solo per due. (Thomas Demenga)