Quatuor à cordes op. 49 (1988)

Dédié au Quatuor Sine Nomine, le Quatuor est formé de quatre mouvements, dans la succession lent – vif – lent – vif. Ce plan, qui rappelle fortuitement la coupe de la sonate baroque, était également celui de la première version de la Sonate pour piano, op. 10a. Ici, les centres de gravité se répartissent plutôt dans les mouvements extrêmes : le premier mouvement, molto lento, est un fugato dont le thème, s’il contient les douze notes d’une série dodécaphonique, n’est pas traité en technique sérielle. Le fugato est entrecoupé de passages en récitatifs, largement respirés, qui confèrent à l’ensemble le caractère d’une improvisation organisée et d’une extrême souplesse rythmique. Lui répond un scherzo incisif et bondissant dont l’une des fonctions est de résorber par le jeu la charge expressive encore latente dispensée par le premier mouvement. La troisième partie, un adagio sombre et dépouillé, évoque un peu le ton de la marche funèbre.
Avec son début enjoué, le finale a d’abord l’allure d’un divertissement, mais le discours se tend et tourne au lyrisme dans l’adagio central. Le retour du thème syncopé du début rend encore plus saisissante la fin, abrupte, d’une étrange beauté lumineuse, comme si une porte s’entrouvrait… Jean Balissat